Me gav hir an amzer (Karante doh Doue)
Description de ce cantique breton
Me gav hir an amzer est aussi connu sous le titre Karante doh Doue. Cet air a été aussi utilisé pour le cantique très connu Aveidomp peh ur gloer ou encore avec une petite variante le cantique du Trégor Sant Josef pried Mari.
Si l’air est très connu et a été maintes fois interprétée en instrumental, il est moins connu du grand public dans sa version chantée. Elle a été récemment popularisée au-delà du pays de Vannes par la participation du choeur d’hommes de Pluvigner Kanerion Pleuigner à l’album Un galicien en Bretagne de Carlos Nuñez. Nous vous en proposons la partition simple, mais une partition harmonisée est disponible sur le site de Kanomp Breizh).
Il faut savoir que le timbre de ce cantique est identique à une version du chant profane intitulé Henriette et Damon. Une excellente étude de Loïc le Cotillec que vous pouvez retrouver sur ce lien retrace la genèse de ce chant et en expose une analyse poussée. Nous en reprenons juste un extrait :
« Bernard Lasbleiz indique que la première occurrence de la mélodie mentionnée sous le nom Me gav hir an amzer en tant que timbre apparaît en 1842, dans un recueil de cantique pour les pèlerins de Sainte-Anne d’Auray. Mes recherches à la bibliothèque de Sainte-Anne-D’auray m’ont permis de retrouver une notation de l’air dans un recueil de chant de messes Cannenneu tonniet er blai 1855 dré en eutru Mouel, person Sant Gelan en 1855. Un autre recueil daté de 1857, intitulé Guerzenneu eid Escobty Gwenèd dré en eutru Guillome, person Kergrist, indique que le texte chanté sur « un air connu » provient du recueil de Louis Pourchasse, recueil de 1779 et intitulé Canenneu spirituel aveitt pedein, maelein, trugairécatt. Tout ceci laisse à penser que notre air était déjà utilisé à la fin du 18e siècle, comme support du cantique Me gav hir an amzer.
Parallèlement, il semble que cet air sera utilisé comme timbre qui servira de support à d’autres cantiques. D’après Bernard Lasbleiz, et après 1842, une cinquantaine de cantiques l’utilisent en Basse-Bretagne. Toujours selon lui, l’origine vannetaise de l’air n’est pas discutable, ni le fait que Me gav hir an amzer ait été un des premiers cantiques à être chanté dessus. Il aurait ensuite migré vers les autres évêchés de Basse Bretagne. Il m’a cité l’exemple du cantique n°137, dans le recueil de l’évêché de Quimper, écrit par le père Henri en 1865. Il s’agit de Me gav hir an amzer, dont les paroles ont été modifiées car elles avaient été jugées « trop » françaises. La même année, il m’a cité l’exemple d’un cantique trégorois à Saint-Joseph composé sur cet air.
En Vannetais également, la mélodie a servi de timbre pour d’autres cantiques. Ainsi, Le Mouël, en 1850, écrit un cantique Gwir servitour Mari sur cet air. Me gav hir an amzer restera cependant et parallèlement, un cantique très chanté dans le Vannetais en général, et à Saint Anne en particulier, tout au long des 19e et 20e siècles. Son titre pourra évoluer : dans différents recueils à partir des années 1920 – il est nommé Karanté doh Doué ou également Karanté evit Doué. Aujourd’hui, si certains sonneurs continuent de l’appeler entre eux Me gav hir an amzer, les paroissiens et fidèles de la messe à Saint Anne-d’Auray usent plutôt de l’appellation Itron Santez Anna ».
Nous vous invitons à découvrir cette très belle version :